Les enclos paroissiaux
Peuple mystique et religieux, les bretons ont construit des milliers
d'églises et de chapelles sans subir d'influences
extérieures. Aujourd'hui la foi a peut-être disparu,
mais il subsiste de magnifiques oeuvres d'art dont
l'originalité et la richesse ne cesse de surprendre. Surgis
au XVIè et XVIIè, ils deviennent rapidement l'objet
d'une compétition entre villages: chacun rivalisant de talent
et d'originalité pour avoir le plus bel enclos.
Les enclos de Guimiliau, Lampaul-Guimiliau et St-Thégonnec
sont les plus beaux exemples de cet art breton.
Guimiliau :
Ce qui frappe le plus dans cet enclos, c'est sans doute son calvaire
très richement décoré. Il comporte plus de 200
personnages et raconte la vie du Christ (en costumes du XVIè
siècle) et l'histoire de Katell Gollet (Catherine la
perdue).
Le porche est également remarquable: il est entièrement
sculpté et ses statuettes représentent la
création d'Adam et Eve et le paradis terrestre. En son sommet
se trouve une très belle statue de saint Miliau.
L'église en elle même date de l'époque gothique
mais a connu de légères modifications pendant la
Renaissance. En entrant, on est frappé par le baptistère
en chêne sculpté (un baldaquin surmontant huit colonnes
torsadées) et la profusion de bas-reliefs, retables et de
statues.
Lampaul-Guimiliau :
Vu de l'extérieur, l'enclos parait assez simple, on est loin de
l'abondance de statues de Guimiliau. Le calvaire, trois croix
portées par un bras, est d'une très grande
sobriété.
Hélas, le clocher a été tronqué par la
foudre! Mais l'intérieur renferme de véritables
trésors. Au centre de la nef, la poutre de gloire porte un
Christ en croix, saint Jean et la Vierge. Ces sculptures
représentent d'un côté les sibylles de
l'antiquité et de l'autre la Passion du Christ.
L'église possède aussi deux magnifiques retables. Celui
de l'autel Saint Jean-Baptiste montre la vie du saint et celle du
Christ, la chûte des anges mérite d'être
remarquée. Le retable de l'autel de la Passion a huit
compartiments et montre des personnages saisissants de
vérité.
Mais la plus belle pièce de l'église est la mise au
tombeau en tuffeau polychrome. C'est sans doute l'une des plus belles
mises au tombeau avec celle de St-Thégonnec.
St-Thégonnec :
On entre dans l'enclos en franchissant une imposante porte triomphale
formée de quatre blocs de granit ornés de lanternons. Le
calvaire n'est pas aussi décoré que celui de Guimiliau,
mais on y trouve quand même des scènes de la passion et
une statue de saint Thégonnec. La plate-forme porte trois
croix, ce qui est assez fréquent en Bretagne. La croix centrale
porte le Christ, des anges, des cavaliers,...
Près de là, la chapelle funéraire présente
une façade typique de la renaissance bretonne. A l'intérieur,
dans la crypte, se trouve une superbe mise au tombeau en bois de
chêne sculptée en 1702. Les personnages peints, grandeur
nature, sont saisissants.
Dans l'église, le regard est surtout attiré par le
mobilier liturgique et la chaire qui représente les quatre
évangélistes et Dieu donnant à Moïse les
tables de la Loi. On peut aussi admirer le retable du Rosaire qui
figure saint Dominique et sainte Catherine recevant le Rosaire. Mais
dans l'ensemble, l'intérieur déçoit un peu car il
a subi de trop nombreux changements.
Et puis on peut aussi voir dans la région, la ville de
Landerneau, ancienne capitale du Léon. Cette ville est
célèbre pour son pont de Rohan, l'un des rares ponts
d'Europe qui porte encore des maisons habitées. De plus la
ville réserve de très agréables promenades le
long des rues bordées de maisons XVIIè et autour de ses
deux églises.